Diane Rolin, happy-culture.org, Février 2005
« Humour déjanté et compositions polychromes du Trio Acidulé
Jazz mariant électro et acoustique dans des explorations musicales colorées et atypiques, les compositions du Trio Acidulé croisent les univers sonores et déclinent les genres avec fantaisie et imagination. Piano, saxophone et batterie modulent la composition classique du trio jazz et explorent de nouvelles « bulles musicales ».
Tout droit débarqué d’ailleurs, le Trio Acidulé jongle allègrement avec les styles et mêle au jazz des éléments rock, groove, hip hop ou électro. Cet ensemble singulier rassemble un pianiste touche à tout (clavier, percussions, accordéon, voix), Antoine Girard (StylOstyl*), un batteur trafiqueur de sons, Erwan Bonin (Pliage Tribu), et un saxophoniste alto bidouilleur en effets sonores, Fred Gardette. Les compositions sont basées sur l’improvisation et la recherche de nouveaux espaces sonores ouverts et ludiques. On passe d’un hommage aux Doors et à Jim Morrison à des sonorités à la Jamiroquai tout en explorant du côté du free-jazz et en s’arrêtant un moment, avec succès, sur du slam hip hop jazzifié, avant de plonger dans de doux délires où les musiciens deviennent chanteurs le temps d’une régression jubilatoire...
L’humour est intrinsèque à l’univers du Trio Acidulé qui mêle dans un laboratoire d’idées et d’expérimentations sonores en tous genres des personnalités originales en quête d’espace de jeu musical et ludique à défricher. Né en 2000 de la rencontre des trois acolytes au conservatoire de Chambéry, le groupe a la particularité de ne pas comprendre de basse, et construit ses compositions avec cette nécessité d’équilibrer les morceaux sans l’assise classique basse/batterie. Ce qui aurait pu être un handicap est devenu un atout, les trois musiciens explorant à partir de là les potentialités de leurs instruments leur permettant de combler cette carence et du même coup de donner jour à de nouveaux espaces sonores et à d’autres articulations entre instruments classiques du jazz.
La batterie a ainsi été "trafiquée" pour trouver de nouveaux sons, le pianiste a donné plus d’ampleur à la main gauche pour remplacer les basses, puis le Trio est allé tout naturellement très vite vers la composition, pour laisser libre cours à son imagination et pousser plus avant son exploration musicale. Influencés par des artistes comme le trompettiste Dave Douglas ou le batteur Jim Black, les trois jeunes musiciens explorent de nouvelles "palettes sonores" dans des "morceaux très structurés" qui allient rigueur du jeu et esprit déjanté. Le trio a travaillé en outre avec le saxophoniste et clarinettiste Laurent Dehors, adepte des répertoires colorés et décalés, dans le cadre de sa résidence de trois ans en Rhône-Alpes (le batteur et le pianiste ont joué dans son groupe Du Génie dans les Alpages et il a ensuite été invité à jouer les propres créations du trio).
Le travail de recherche sonore, la quête de "nouvelles couleurs musicales" est enrichie par les collaborations multiples avec une ribambelle d’artistes, tous horizons confondus. Le Trio Acidulé accueille en effet régulièrement des artistes dans son univers chaleureux et psychédélique, dans un "espace de liberté et de création" ouvert à toutes les disciplines : des musiciens se joignent au groupe (Laurent Dehors, le guitariste David Chevallier), mais d’autres univers issus de la danse hip hop ou contemporaine, de la peinture, de la sculpture… se mêlent aussi régulièrement au Trio, et s’intègrent dans un jeu de scène où le mouvement est fondamental. A l’aise aussi bien dans les espaces restreints que dans les grandes salles, le Trio Acidulé s’empare du Musée de Grenoble le 14 mars prochain dans le cadre du Grenoble Jazz Festival et fera à cette occasions de nouveaux adeptes… A voir absolument ! »